Calixte de Procé de NewsTank  m’a posé une dizaine de questions par email sur Museomix il y a quelques semaines.

NewsTank étant derrière un ‘paywall’ et ayant refusé que nous diffusions un ‘reprint’ de l’article sur notre site, mes réponses n’étaient pas accessibles a la communauté Museomix dans son ensemble. Je fais donc comme font dans ce cas les chercheurs et je publie les réponses faites par email avant editing – l’équivalent d’un pré-print.

Voici donc mes réponses brutes:

Quelles sont les caractéristiques de la troisième édition de Museomix ?

En 2013, Museomix se déroule dans plusieurs lieux. Les communautés locales Museomix se préparent, avec l’aide de la communauté globale. Et toutes les communautés prêtes, avec un musée lui aussi prêt à jouer le jeu, pourront lancer leur Museomix.

Quand se déroule la prochaine édition de Museomix ?

Le 8-9-10 novembre 2013. Un jour supplémentaire minimum, soit le 11 novembre, soit le 12 novembre, est prévu pour que les prototypes restent accessibles et testables par les différents utilisateurs du musée.

Pourquoi avoir choisi de réaliser l’opération dans plusieurs musées en même temps ?

Lors des éditions 2011 et 2012, Nous avons lancé des appels à musées. Nous avons reçus des réponses venant de plusieurs musées désirant accueillir Museomix. Il y avait une sélection, une sorte de concours.

En 2012, nous nous sommes retrouvés dans la situation de refuser la participation d’un musée qui réunissait pourtant toutes les conditions : une communauté active, un lieu d’accueil adéquat, une équipe prête à jouer le jeu.

En effet, nous ne nous étions pas mis dans les conditions de pouvoir organiser deux évènements Museomix dans deux lieux.

Il nous fallait dépasser cette limitation, qui allait devenir arbitraire et desservir les communautés Museomix. Les co-fondateurs de Museomix ont donc décidé de remettre en cause le principe du concours de beauté, et modifier radicalement l’organisation.

Cette nouvelle organisation gloabale, qui se construit et se renforce en ce moment même, a pour objectif de soutenir de multiples communautés Museomix locales, inter-connectées entre elles, et autonomes.

Par exemple, la communauté de Lyon est elle même en train de choisir le musée qui sera son terrain d’expérimentation. C’est une communauté qui va vivre son deuxième Museomix en 2013, et elle s’est totalement appropriée l’esprit, l’ouverture, les méthodes.

Quels sont-ils ? Est-ce vous qui sollicitez les musées ou l’inverse ?

La liste des musées pour l’édition 2013 est encore en cours de finalisation. Mais d’ores et déjà, le Musée de la Civilisation à Québec, Le musée du chateau des ducs de Bretagne à Nantes, le musée Ironbridge à Shropshire UK, le Louvres Lens à Lens, sont des candidats très solides avec une communauté active et volontaire.

Museomix n’est jamais prestataire d’un musée qui serait le commanditaire. C’est la communauté tout entière qui pactise avec un musée : le musée et ses équipes acceptent d’ouvrir ses portes à la communauté, de se laisser envahir et de se mettre hors des règles habituelles. Le musée participe activement à sa propre invasion 🙂

Cette année deux personnes travaillant au sein même de deux musées candidats, Ana-Laura Baz et Christophe Courtin, se sont lancées dans le projet fou d’impliquer leur musée – tout en jouant le jeu de la communauté et en lâchant aussi vite que possible le contrôle à des personnes extérieures !

Ana-Laura et Christophe sont des anciens participants de Museomix, et c’est cela qui leur a donné envie d’accueillir Museomix dans leur propres lieux.

À quels types de public vous adressez-vous pour l’expérience Museomix ?

Les prototypes créés lors de Museomix s’adressent à tous les publics, avec des variations selon les choix des équipes. Museomix est aussi l’occasion de tester en réel qui va apprécier tel dispositif.

Pourquoi vouloir jouer sur la vocation internationale de l’opération ?

Museomix séduit de nombreux professionnels et amateurs de la culture, un milieu avec de nombreuses conférences et rencontres internationales. Notre objectif est de connecter les communautés, de mixer les talents, de faire se rencontrer les compétences. Créer une communauté internationale fait partie de cette envie de mélange et d’ouverture.

Allez-vous donner un thème commun pour tous ces musées où allez-vous faire vivre l’opération indépendamment les uns des autres ?

Museomix ne donne pas de thème ou de sujet. Les équipes participantes travaille sur les espaces et les collections de leur lieu d’accueil, en toute liberté en ce qui concerne la direction créative.

Le point commun, c’est un questionnement sur le musée dont nous rêvons après l’arrivé du numérique, d’Internet et du web.

Plus largement, quel est l’objectif de l’opération Museomix ?

La vision de Museomix est un musée ouvert où chacun trouve sa place, connectées avec leurs communautés, des musées laboratoires vivants qui évoluent avec leurs utilisateurs et leurs visiteurs.

Nous avons en 2012 publié un texte qui explique notre vision et nos principes : http://www.museomix.com/nos-principes/

Concernant votre deuxième édition à Lyon, quels retours avez-vous eu ?

L’équipe du musée a adoré l’expérience. Cette édition a été la première où le musée arrivait entièrement mobilisé, prêt à recevoir Museomix. Cela a amplifié l’impact.

Du côté des participants, des collaborations nouvelles se sont créés – les participants de Museomix ne se connaissent pas et travaillent ensemble pour la première fois à cette occasion.
C’est aussi pour des participants une occasion de travailler sans les contraintes habituelles, hors du flux quotidien : «c’est la première fois depuis longtemps que je ne travaille pas pour un client !»

Le public qui vient visiter le musée pendant Museomix est une dimension essentielle de Museomix : le musée Gallo Romain de Fourvières est d’ailleurs resté ouvert au public pendant toute la durée de Museomix. Ce public profite d’une autre vision d’un musée que beaucoup à Lyon ont déjà visités au moins une fois. Ils s’arrêtent devant des objets qu’ils avaient auparavant dépassés sans s’attarder, comme les stèles en latin.

Vous pouvez en apprendre plus dans les trois rapports suivants, rédigés par Nova7 et ERASME :

http://www.museomix.com/2013/01/1775/museomix-2012-vu-par-les-personnels-du-musee-rapport/
http://www.museomix.com/2013/01/1775/museomix-etude-de-reception-aupres-des-visiteurs-rapport-v2/
http://www.museomix.com/2013/01/1775/rapport-inmediats/

Pensez-vous à élargir l’expérience Museomix pour d’autres institutions culturelles, comme les bibliothèques, les galeries d’arts ou autre ?

Toutes les institutions ont besoins d’explorer des nouvelles voies.
Les technologies numériques, Internet et le web nous ont appris de nouvelles manières de communiquer, de créer ensemble, de faire et de vivre la culture.

De nombreuses personnes ont suggérées un BiblioMix, un BookMix… Il est certain que des projets de ce type vont aboutir. Ils sauront trouver leur propre dynamique, qui correspond aux enjeux de leur domaine.

Comment voyez-vous le numérique dans les établissements culturels, particulièrement les musées, aujourd’hui ?

Le numérique est important car il change la société, morceau par morceau. Nous voyons sous nos yeux des bonnes pratiques centenaires, améliorées et optimisées qui nous semblent aujourd’hui insatisfaisantes… sous-optimum ! On se dit que l’on peut faire mieux. On le ressent comme un manque.

Wikipedia par exemple nous a appris que l’on peut faire mieux que le cartel en carton sous le tableau. Reste à savoir quoi et comment ! 🙂

Commençons par aller plus loin que l’intégration des nouvelles technologie au coup par coup.

Quelques musées, dont le V&A à Londres et d’autres aux États-Unis, ont intégrés des équipes de développement en interne, qui participent activement aux communautés en partageant leur code, en organisant des évènements. Ces musées se donnent la possibilité de vivre le numérique, d’anticiper par la pratique et l’accumulation d’un savoir faire.

Les musées sont des experts en technique de manipulation de l’espace physique. Rien ne les empêche de devenir des experts en manipulation de l’espace numérique.

Mais pour devenir un expert potier, par exemple, il faut mettre la main dans la glaise, tester, essayer, rater parfois. Le savoir-faire ne s’achète pas.

Museomix c’est ça : permettre aux musées et aux communautés qui souhaitent participer à leurs constructions de mettre les mains dans la terre glaise numérique, et d’apprendre en faisant.