Dernier jour, la fin se rapproche à grands pas et la tension monte. Nos muséomixeurs vont-ils finir à temps ? Tout le monde s’active, se presse et essaie de cacher le stress derrière un sourire. Les personnes circulent rapidement d’un stand à l’autre, ils appellent les techniciens ou font une commande de dernière minute au magasin. Le perfectionisme et le temps qui passe font planer l’ombre d’une menace sur les groupes de créateurs. Alors les regards sont plus sérieux, les conversations brèves et les torticolis plus présents. Dans cette océan de stress et d’excitation, les bruits sont omniprésents : la scie circulaire et le compresseur recouvrent les conversations fiévreuses. Pourtant, les créations prennent forme, que ce soit sur les écrans des nombreux ordinateurs portables ou matériellement.
Au milieu de tout ça, il y a le plus jeune muséomixeur qui supervise l’imprimante 3D et donne un coup de main, ou mieux un coup d’œil, à la fabrication des objets. Il s’apelle Dorian et a seulement huit ans. Il porte autour du cou, tout fier, son badge « qui ouvre toutes les portes du MAH ». Il a nous confessé qu’il est fasciné par l’imprimante 3D car « elle peut imprimer tout ce que tu veux » et par le magasin avec tous ses articles « électroniques et magiques !». Dans son prototype idéal, à la fin de la visite au musée, le visiteur pourrait imprimer en 3D la forme de l’œuvre qui l’a le plus marqué. Il attend impatiemment d’aller à l’école demain pour raconter à ses copains son incroyable week-end au musée et surtout leur montrer ses œuvres imprimées en 3D.
Non loin de là, entre deux demandes de matériel, Luca, jeune Tessinois responsable du magasin, nous donne ses impressions sur l’événement. Il nous fait part de quelques moments de stress et de négociation, notamment samedi quand les équipes demandaient du matériel. Mais des solutions ont été trouvées dans la plupart des cas. Il se dit par ailleurs impressionné par le nombre de créations qui ont pu être faites en aussi peu de temps. Il a aussi ses propres idées de remix du musée : il propose l’utilisation de lunettes permettant de voir les deux côtés de tableaux « bifaces », le même genre d’accessoire pour « superposer » les images infrarouge et ultraviolette aux œuvres ainsi que la géolocalisation des tableaux de Ferdinand Hodler et leur accompagnement par une photo réelle. Tout un programme !
Alors que Luca est en train de répondre à une demande, nous interrogeons Éric, un des agents de sécurité du musée. Il nous fait part de son avis sur le Museomix, qu’il trouve très bien organisé, plein de potentiel et à développer. Avec le sourire il remarque également que toute l’équipe est très sympathique et nous a même proposé son prototype : la possibilité de visiter, de manière analogue à Google StreetView, le musée et ses œuvres en trois dimensions depuis chez soi ou sa tablette. Il pense que cela pourrait inciter les gens à venir voir « en vrai » ces œuvres au musée.
Le compte à rebours devient toujours plus pressant et les premières équipes se lancent à faire le crash test. Elles croisent les doigts et espèrent que le code tienne le coup, que les structures en bois restent debout et surtout que les prototypes passent « l’examen » des organisateurs. Finalement, les simulations donnent leurs fruits et les muséomixeurs prennent notes des détails à améliorer. Par exemple, le mode d’emploi doit être plus clair et succinct et il faut éviter de disperser l’attention des visiteurs avec une cascade d’info. Allez hop…encore quelques instants pour muséomixer à fond avant que les prototypes entrent dans l’arène. Et nous on file voir les prototypes … A l’année prochaine !
Adrien Conffinet
Lia Antico
Guillaume Jiranek