Scénario utilisateur
L’exposition permanente « Les Gens de l’Alpe » présente des objets de la vie quotidienne des villages alpins, dans des vitrines qui les rendent intouchables. Pour comprendre à quoi servaient ces objets, il faut lire des textes. Parfois il y a des photos et des films. Nous voulons que les visiteurs puissent manipuler les objets dans une simulation de qu’était leur utilisation autrefois.
Notre projet serait d’installer, dans chacune des trois ailes de l’exposition « Gens de l’Alpe » une table tactile numérique proposant 3 épisodes de jeux dont l’objectif est de faire grandir un village de montagne. Pour le week-end Museomix, seuls les jeux de la première table/première aile sont développés.
Le joueur va simuler des expériences d’élevage, d’agriculture, ou de transformation (fromage, filage…). Le visiteur commence par consulter la table tactile qui lui propose des actions à réaliser.
L’écran de sommaire permet à deux joueurs de jouer face à face après avoir choisi une des deux missions proposées :
Puis le joueur se déplace dans l’exposition pour identifier l’outil nécessaire à l’exécution de l’action demandée.
Des répliques de ces objets peuvent être pris dans des bacs positionnés près des lieux d’exposition des originaux.
Le visiteur pose la réplique sur la table de jeu qui le reconnait (par reconnaissance de forme).
Si le visiteur ne choisit pas l’outil pertinent, le jeu affiche la conséquence malheureuse (mouton et chien égorgés par le loup…). Surtout que pour cette phase de jeu, il n’a que 30 secondes pour trouver le bon outil !
Si l’utilisateur choisit le bon objet, le visiteur est averti de son succès. Nous aurions aimé que le visiteur puisse voire ce qu’il a produit (un mouton débarrassé de sa toison et un tas de laine…), mais nous n’avons pas eu le temps de développer cette phase du jeu.
Le visiteur est invité à poursuivre le jeu dans la salle suivante, où il trouvera une autre table tactile avec de nouveaux mini-jeux contextuels, afin de poursuivre le processus de production avec des éléments qu’il a produits dans la salle précédente.
A la fin du jeu, un état d’avancement du village lui est communiqué, permettant de mesurer la contribution des joueurs présents à la croissance du village.
Liste des mini-jeux disponibles pour le week-end museomix, correspondant à la première aile de l’exposition :
- élevage des moutons : trouver la cloche de mouton et le baton, trouver le collier anti-loup pour protéger le chien du berger, puis guider les moutons à l’alpage à travers un labyrinthe
- récolter le seigle. Quand on coupe les épis en passant le doigt dessus, on voit la lame de la faux qui s’use. Nous n’avons pas eu le temps de développer deux scénari qui consistaient d’une part à retrouver l’outil qui permet d’aiguiser la faux (coffin et pierre à aiguiser) et de reconstituer la lame de la faux (marteau d’enchaple et l’enclumette), puis d’apporter la récolte au village en parcourant un labyrinthe avec une charrette.
Intentions & Processes
Lors de la visite de l’exposition « Gens de l’Alpe », nous avons constaté :
– que le fonctionnement des outils présentés dans les vitrines n’était pas toujours explicite. Pour certains objets, il n’y a aucun document expliquant le fonctionnement (par exemple, le rouet). Pour d’autres, les explications sont à plus de deux mètres de l’outil, et les visiteurs ne font pas le lien entre les deux. Pour certains outils, le travail artistique de personnalisation a été privilégié sur leur usage. Par exemple, les coffins sont présentés sans leur pierre à aiguiser. Il y a deux coffins dotés de pierres, mais ils sont en bas de la vitrine et pas éclairés. Les visiteurs ne les voient pas et ne comprennet pas à quoi servent ces beaux objets.
Et pourtant, certains objets sont vraiment fascinants ! Par exemple, le collier anti-loup : il empêche le loup de mordre le chien de berger à la gorge…
– que l’exposition a un peu vieilli : bande-sons parfois de mauvaise qualité, videos de petite taille.
– que les visiteurs se perdent après la première aile, car ils suivent la signalétique de l’exposition sur le ski qui est plus visible que la signalétique « suite de l’exposition ». Ils visitent donc rarement les deux ailes suivantes de l’exposition « Gens de l’Alpe ».
Un jeu interactif à épisodes permettrait aux visiteurs de prendre conscience de l’existence d’une « suite », de mettre en action les objets et donc de mieux situer leur utilité au sein d’un processus global de production. D’un autre côté, nous ne voulions pas d’un jeu qui se jouerait à 100% sur l’écran : nous voulions un jeu qui incite les visiteurs à se rapprocher des vitrines et à chercher.
Nous voulions également que le visiteur puisse manipuler les outils du passé, même s’il ne peut pas se servir des vrais objets parce qu’ils ne peuvent pas être sortis des vitrines.
Enfin, la solidarité est une caractéristique de la vie en montagne : nous voulions donc un jeu où les visiteurs contribuent ensemble à la croissance du village. Nous envisageons une vie du village après la sortie du Musée, avec la possibilité de suivre l’activité depuis internet, de voir une documentation sur les objets utilisés pendant le jeu…
Outils et techniques
– au départ, nous avons testé la jouabilité de notre projet en jouant avec des morceaux de papier et des dessins faits en « trois coups de crayon » :
– table numérique tactile : http://www.mosaique-interactive.fr/
– langage de programmation Python/KIVY
– logiciel Photoshop pour le décor du jeu (paysages, animaux…)
– pions de jeu conçus en 3D – utilisation du logiciel Rhinocéros pour mac et d’une table graphique pour dessiner plus facilement
– Corps de l’objet fabriqué avec l’ imprimante 3D du fablab.
– reconnaissance de forme par la table :
C’est la disposition des pieds du socle qui permet à la table de reconnaître l’objet.
Lors du premier essai, nous pensions fabriquer l’intégralité de la réplique avec l’imprimante 3D, en plastique donc. La table devait reconnaître la taille du triangle constitué par les points de contact de l’objet avec le sol : ça n’a pas fonctionné
Finalement, nous avons disposé des pieds en nombre variable sous les pions :
Ariane a fabriqué ces socles en bois avec la découpeuse laser du fablab. Marie a également utilisé cette découpeuse pour fabriquer des supports de pions et des cartels assortis au style de l’exposition :
– base d’images opendata http://event-museomix.opendata.eolas-service.com/dataviz/
Comment nous avons travaillé :
1ère étape : scénario global du jeu.
Nous avons sélectionné les objets les plus « bizarres », les plus porteurs d’histoires, les plus faciles à mettre en scène
Nous avons échangé au niveau de tout le groupe et simulé les dessins d’écran de chaque étape du jeu sur des feuilles A3, en dessinant et en jouant le scénario. Nous avons échangé avec les techniciens pour nous assurer de la faisabilité de nos idées.
A la fin, nous avions un algorithme du jeu, pour Nicolas.
2ème étape : Une fois le scénario fixé, nous avons travaillé en sous-groupes.
– les objets 3 D : Colombine a cherché de belles photos des objets exposés sur open data, pour les donner à Marie L qui les schématise et en fait des fichiers pour l’imprimante 3D.
– les images du jeu : Colombine a également cherché des images des maquettes de maisons de village exposées au Musée, pour Sophie qui a dessiné les images de paysages, de maisons et d’animaux que Nicolas va intégrer dans le jeu.
– Marie C et Colombine ont cherché des sons pour rendre le jeu plus marrant (vous avez déjà entendu le bêlement du mouton que le loup égorge? brrrr…)
Expérience
Points forts :
– la table tactile attire immédiatement les visiteurs
– le scénario plaît, il correspond à l’imaginaire commun (les moutons, le loup…)
– les adultes jouent autant que les enfants
– le mouton et le chien égorgé : leur côté « gore » plait beaucoup
– les visiteurs qui ont joué retournent ensuite près des vitrines pour regarder les originaux de plus près : c’est ce que nous recherchions.
Points faibles :
– le jeu n’est pas terminé ! Tous les messages d’explication n’étant pas développés, il fallait un médiateur pour expliquer aux visiteurs comment jouer, et leur demander de ranger les pièces à la fin
– à cause d’un problème de driver sons sur la table tactile, nous n’avons pas pu entendre les bêlements, hurlements de loup et autres bruits amusants que nous avions sélectionnés
– un visiteur nous a parlé de la polémique pro-loups / anti-loups, que notre jeu pourrait évoquer
Foire aux questions
– nous avons décidé de ne pas créer un profil par utilisateur
– on peut jouer plusieurs fois la même mission : il y a toujours des moutons à l’alpage même si on échoue sans arrêt à les protéger
– Oui, les visiteurs peuvent être tentés de partir avec les objets… dans une version finale, il faudra qu’ils soient assez gros
– Les visiteurs risquent de ne pas remettre les répliques dans les boîtes près des vitrines : effectivement, il faudrait que le personnel du musée passe de temps en temps pour ranger
L'équipe
– Marie CASTELLA (Médiation) : elle sait ce qui fait kiffer le visiteur de musée, ce qui va le faire rester plus d’une minute devant un marteau d’enchaple (si, si)
– Colombine DEHAYE (Contenus) : elle connait par coeur les réserves secrètes du Musée Dauphinois
– Marie LEBLANC (Fabrication) : la géométrie dans l’espace, c’est son truc
– Myriam MARTINET (Communication) : euh… c’est moi
– Nicolas SADIN (Codage-développement) : il fait également très bien « bêêêh » et « ouah! »
– Ariane PINAULDT (Musée) : elle contemple l’imprimante 3D en train de fabriquer des pions, mais elle sait aussi remplacer avantageusement une video plantée en improvisant un discours.
– Sophie TINLAND (Graphisme) : elle dessine des moutons.
Nous avons été aidés par plusieurs équipiers Museomix notamment Antoine et Stéphane pour le développement du logiciel de jeu, et les techniciens du Musée pour le cablage électrique et la pose d’une goulotte de sécurité au sol.