Scénario utilisateur
Le visiteur va découvrir le projet en 3 temps : avant sa venue au musée en ligne, puis pendant sa visite devant les stèles, et enfin, après sa visite de chez lui ou n’importe où ailleurs pour continuer la découverte s’il le souhaite et échanger avec ce personnage conducteur.
AVANT LA VENUE AU MUSÉE, EN LIGNE
Le visiteur fait connaissance du personnage, Titus Annius Firmus, via une page web dédiée qui participe à la communication du musée ou sur son compte Twitter. Ce personnage et d’autres (Epicadus Velox, Lucius Abricius, Titus Iuentius …) peuvent devenir des personnages iconiques du musée et donc des portes d’entrées pour que le visiteur se plonge à cette époque romaine.
Titus invite le visiteur à le rejoindre au musée pour venir discuter avec lui.
PENDANT LA VISITE AU MUSÉE
A l’accueil, sur un grand écran à l’entrée, la «photo» du personnage apparaît et s’adresse au visiteur qui passe devant lui : «Psst ! Tu es venu légionnaire ! C’est moi que tu cherches, Titus 😉 Viens me rejoindre dans le caveau à l’étage inférieur…».
DEVANT LES STÈLES
Contextualisation sonore : Ambiance sur une voie romaine, au bord des tombeaux/stèles
1ère étape : Crée ta propre stèle !
Devant les stèles se dresse un grand écran sur un pupitre incite le visiteur à se dépêcher de remplir le formulaire d’inscription au réseau social romain Twittum (nom, prénom, surnom, citoyenneté romaine, profession, ville, sports ou passion …). Ces informations génèrent une stèle à son effigie pour célébrer sa victoire au grand tournoi de rugby, de contrebasse ou de scrapbooking (selon sa passion). Sa stèle est alors projetée sur le mur à côté des autres stèles.
Il obtient ainsi un cadre de référence qui lui permet de comparer ses données (qu’il connaît bien !), avec les données inconnues représentées sur les autres stèles. Il commence à comprendre où sont indiqués les noms, les professions, la ville d’origine …
Pour marquer la fin de cette première étape, Titus apostrophe le visiteur pour lui expliquer qu’il a besoin de l’entendre prononcer son nom pour que son âme perdure dans l’au-delà selon la croyance romaine.
« Salve ! Pour que mon âme ne disparaisse pas dans l’au-delà, je t’en supplie, fais vivre ma mémoire et prononce mon nom : Titus, Tituuusss …. Gratias Agit ! »
2ème étape : Trouve la stèle de Titus (Où suis-je ?)
Titus invite maintenant le visiteur à retrouver sa stèle « Seras tu assez malin pour retrouver laquelle de ses pierres a été érigée par mon fils ? »
Titus raconte par bribe des éléments de sa vie, donnant ainsi des indices au visiteur pour décrypter les stèles et retrouver celle qui appartient à ce dernier.
- Indice 1 : reconnaître la trinaomina (nom / prénom / surnom)
« Je m’appelle Titus Annius Firmus. Mais comme tous mes amis, tu peux m’appeler Titus : c’est mon praenomen, mon prénom. Annius, c’est mon nomen, mon nom de famille : je le tiens de mon père. Quant à mon cognomen, Firmus, j’en suis très fier. Ce troisième nom forme ma trianomina, mes trois noms. C’est la marque de ma citoyenneté romaine : contrairement à d’autres habitants de Cemenelum, je peux voter et surtout profiter des meilleures places lorsque je vais à l’amphithéâtre. Arrives-tu à reconnaître mon nom, que j’ai fait graver en haut de ma stèle ? »
- Indice 2 : Métier et symbole du porte-étendard
- Indice 3 : Provenance et centurie d’appartenance
Pour chaque indice trouvé, un mapping sur les stèles met en évidence la bonne réponse sélectionnée en illuminant les lettres ou les symboles pas très visibles.
Une fois tous les indices donnés, le visiteur peut sélectionner sur l’écran la stèle qui lui semble être celle de Titus. S’il trouve la bonne stèle, il voit apparaître en ombre chinoise la silhouette de Titus animée derrière sa propre stèle “Bien joué ! Tu es prêt à devenir citoyen romain”. S’il ne trouve pas la bonne, un autre indice très facile lui est donné et un petit résumé des précédents le guide vers la bonne stèle.
3ème étape : Tu veux en savoir plus sur moi ?
Le visiteur peut poursuivre la découverte de ce personnage en parcourant le réseau social qu’il utilise (Facebook, twitter, Instagram, linkedin pour son carrière, etc). Une manière ludique de lire sa biographie pour éviter la page wikipédia dure à digérer. Les informations supplémentaires sont donc données de manière illustrée, avec les codes d’aujourd’hui et sur un ton humoristique.
Cela incite le visiteur à se projeter dans sa vie à son époque …
APRÈS LE MUSÉE
Le visiteur est incité à poursuivre la découverte en discutant avec ce personnage via un chatbot (RSN : Twitter, Facebook, …). La fiction rentre en jeu et les internautes y participent pleinement.
Intentions & Processes
Les stèles ne nous ont pas laissé de marbre. Attirés par leur présence massive et leurs mystères à révéler, nous avons été motivés par l’envie :
- d’aider les visiteurs à déchiffrer ce langage ancien avec ces codes d’une autre époque,
- de redonner vie à l’âme des personnes ici commémorées,
- de faire un lien entre passé et présent pour faciliter la compréhension.
Objectifs de départ :
- éviter l’oubli
- humaniser les stèles
- savoir décoder les inscriptions
- créer une interactivité
Public cible : jeunes adultes connectés aux RS et adultes, soit les 18–65 ans
La plus grosse difficulté rencontrée : nous n’avons pas réussi à associer les projections du vidéoprojecteur automatiquement avec le déroulé du scénario de l’écran (on l’a donc fait manuellement), car il était trop compliqué d’avoir un seul ordinateur pour la présentation du scénario, le lancement du vidéoprojecteur et l’envoi des informations en temps voulu (nous avons donc 2 ordinateurs).
Évolution du prototype :
- Du repérage des informations sur la stèle, on a finalement scénariser une histoire à la première personne pour que Titus s’exprime et s’adresse directement aux visiteurs. L’expérience est plus prenante.
- On a mis de côté le développement des parties « avant » (présentation de Titus et ses copains-stèles sur le web avec la possibilité d’une page web dédiée pour servir de vitrine au musée) et « après » (le chatbot de discussion) la visite au musée, pour s’en occuper que si nous avions le temps. On a en pas eu assez 😉
- On a contextualisé la salle des stèles en créant une rue pavée, le long desquelles les stèles étaient implantées, et on a créé une ambiance sonore pour évoquer les bruits de rues à cette époque (bruits de pas, passants qui prononcent le nom des stèles, couinement d’oiseaux, …)
- On a réussi à avoir le temps d’enregistrer une bande off pour que le texte affiché sur l’écran soit lu par la voix grave et so sexy de Titus.
- On a longtemps hésité à représenter le visage de Titus, manquant d’éléments et de documentation. Faut-il lui inventer un visage ? Prendre celui d’un autre homme de l’époque ? En modéliser un ? Un comédien ? On a finalement coupé court à ses tergiversations en ne représentant que sa silhouette, avec tout de même la représentation des yeux, nez, bouche, cheveux …
- La limite réalité – fiction a été difficile à trouver : on a finalement convenu que tout ce qui de l’ordre du « pendant », au musée, serait basé sur la réalité, ce que la stèle nous apprend, et que parfois on admettait d’interpréter les éléments à disposition. La fiction est donc réservée à « l’avant » et « l’après » visite.
Outils et techniques
– Voie romaine : découpe des pavés dans du papier blanc scotchés au sol devant les stèles, rajout de plastique transparent par dessus pour protéger les pavés lors du passage du public
– Vidéoprojecteur : construction d’un support en bois de 3 mètre de haut pour positionner le vidéoprojecteur
– Code : HTML CSS angular js, jquerry
– Son et images sources :
- Création du logo à partir d’Illustrator avec une police de caractère réalisée par Sandrine Nugue, typographe, commandé par le CNAP.
- Utilisation de InDesign pour la mise en page
- Dessin vectoriel pour la création du personnage de Titus et pictogramme pour le hashtag
- Utilisation de Photoshop pour faire du mapping artisanal et projeter une image sur la stèle (souligner les mots et les pictogrammes) et la création visuelle des stèles
- Ux (User Experience) et Adobe XD pour créer les différents écrans de l’application afin de permettre une navigation plus ergonomique
- Texte : enregistrements sonores
Expérience
Points faibles et corrections possibles :
- N’ayant pu développer “l’avant” et “l’après”, on a dû se concentrer sur le “pendant” (la visite au musée)
- Il manque une plus longue introduction pour contextualiser et dresser le tableau de l’expérience + une transition entre les phases 1 et 2
- Des indices un peu trop long (trop techniques ?), peut être lié au fait que l’on a pas eu le temps d’exploiter pleinement le principe de mapping et celui de correspondance des signes d’hier et d’aujourd’hui (principe de traduction).
- Le texte des indices est parfois différent de la bande off, ce qui perturbe (surtout pour la 1ere page ; le texte devrait apparaître après)
- Sur la page du “profil-stèle”, il manque une phrase pour que les visiteurs comprennent l’objectif de cette transposition (informations personnelles > informations sur la stèle), le mot « twittum » (pour comprendre que c’est un profil sur un RS) et une explication pour lier le profil stèle (qui n’a pas pu être projeté) au défi qui suit en 2eme partie.
- Sur la page finale RS : il manque phrase d’introduction « pour en savoir plus sur la vie de Titus, consulte … »
- Face aux difficultés techniques (impossible, dans le temps impartis, de lancer les projections depuis l’écran du pupitre qui ont induit le déclenchement humain du mapping et des animations des stèles), on a peut-être été trop didactique et perdu de vue l’interaction ludique et humoristique voulue au départ.
- Les problèmes de sonorisation, liés à l’acoustique et au matériel : les bruitages étant peu intelligibles, la bande sonore contextualisante a été peu comprise et nécessitait une explication (peut être pas diffusée au bon moment ? à l’étape 2 seulement ?).
Remarques des visiteurs :
– on a su redonner vie à ses stèles
– on a su rendre intéressantes les stèles avec les codes d’aujourd’hui
– beaucoup rigolait en remplissant le formulaire et les choix multiples un peu loufoques 🙂
– la route pavée est une manière simple de contextualiser qui fonctionne très bien
– les projections sont vraiment super
Points forts :
-
Parallèle hier/aujourd’hui via les RS et l’épigraphie funéraire antique (par le système de codes d’écritures avec mots clés/tags, l’utilisation de pictogrammes, et la conception de bios courtes)
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Mapping pour comprendre l’écriture romaine
-
Angle d’attaque du dispositif : humaniser les stèles et en faire ressortir une autre facette
-
Contenu historique mis en scène
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Réussir à conjuguer les savoirs-faire pour proposer un dispositif à la fois interactif et ludique avec une interface fluide
L'équipe
Pierre Fallou – expert contenu ; Caroline Leplae – graphiste; Samuel Javelle – maker; Joachim Loche – développeur; Nathan Grimaud – développeur; Caroline Impergre – médiation; Valérie Lejeune – communication; Anaïs Truc – facilitation