Monumentum

La nuit tombe sur le musée, les bruits s’atténuent, la lumière se tamise, l'agitation se dissipe et laisse place à un calme propice à la découverte des habitants et des habitantes de l'ombre.

Scénario utilisateur

Un secret circule, il faut se rendre dans le 3e cloître, passer la petite porte en bois et emprunter les escaliers menant à la cave. En descendant les marches parsemées de bougies, un médiateur ou une médiatrice délivre quelques informations et consignes. Après une vingtaine de marches, le public se retrouve dans une salle plongée dans le noir. Un fil d’ariane fluorescent les guides vers des traces incandescentes. En se rapprochant ils activeront des sons et des animations dévoilant les secrets de ces traces.

Scénario détaillé du prototype :

  1. Le visiteur entre dans un SAS qui symbolise le passage du jour à la nuit.
  2. Il entre ensuite dans une pièce plongée dans la pénombre.
  3. Sur les murs et sur le sol de cette pièce, il observe des traces phosphorescentes.
  4. Grâce à des capteurs, le visiteur qui s’approche d’une trace déclenche une animation (visuelle et/ou auditive) qui le renseigne sur le personnage lié à la trace.
  5. L’opération est répétée pour chacun des personnages présentés.

Intentions & Processes

Le but du prototype est de présenter et raconter l’histoire de certains esprits des lieux appelés « les habitants et habitantes de l’ombre » – moines, prisonniers, prostituées, aliénés – par le biais des traces visibles qu’ils ont laissé de leur passage dans le bâtiment.

Objectifs : 

  • Mettre en avant certains habitants et habitantes du lieu pouvant être moins mentionnés d’ordinaire : Les artisans, les moines, les personnes emprisonnées.
  • Expliquer la signification des traces que l’on peut observer à de nombreux endroits du bâtiment.
  • Inviter le public à regarder en détails le bâtiment à la recherche de traces laissées sur les murs durant ces 400 dernières années.
  • Permettre au public de mettre les pieds dans un lieu normalement inaccessible : la cave du monastère.
  • Découvrir l’existence et les caractéristiques d’un second lieu inaccessible : un des clochers comportant de très nombreux graffitis datant pour certains du XVIIIe siècle.
  • Permettre au public de visiter le lieu dans la pénombre afin de faire ressortir certains éléments.

Outils et techniques

Le dispositif est composé de 3 modules et d’une signalétique extérieure.

Signalétique extérieure : Le prototype étant installé dans un lieu inaccessible au public en temps normal et peu visible (la cave), plusieurs signalétiques ont été installées dans le musée :

  • Le logo prenant le rôle de flèches à suivre menant jusqu’à l’entrée de la cave.
  • Le nom + logo du projet ont été installés à proximité de la porte de la cave afin de marquer l’arrivée à destination
    • Matériaux : Vinyle et plexiglas transparent
    • Matériel utilisé : plotter
  • La photo d’un homme taille réelle dépasse de la porte. Elle représente Samuel, un des technicien du monastère de Brou. Elle a pour vocation d’inviter les personnes à entrer dans la cave. Son objectif était également de rendre hommage aux personnels techniques du musée que l’on peut également considérer comme des habitants et habitantes de l’ombre. Samuel nous a également permis de visiter le lieu la nuit sans éclairage et de découvrir 2 lieux non accessibles au public. Ces visites ont permis d’enrichir grandement le projet.
    • Matériaux : Photo, papier,carton, scotch
    • Matériel : Appareil photo, ordinateur, imprimante

Descente dans la cave : Des bougies “LED” ont été disposées sur les marches des escaliers menant à la cave.

Phosphorescence : La cave était plongée dans la pénombre. Afin de guider le public, plusieurs éléments phosphorescents sont disposés dans la pièce :

  • Un “fil d’ariane”, guidant le public de module en module afin d’éviter qu’il passe par des zones dangereuses et de signifier l’ordre des modules.
    • Matériaux : Carton, peinture phosphorescente.
    • Matériels : projecteur LED pour recharger la peinture.
  • La représentation d’un élément de l’ancien pavage
    • Matériaux : bois, vinyle, peinture phosphorescente.
    • Matériels : découpe laser, plotter, projecteur LED pour recharger la peinture.
    • Fichier découpe pavage
  • Un des graffitis :
    • Matériaux : bois, peinture phosphorescente.
    • Matériels : découpe laser, projecteur LED pour recharger la peinture.
    • Fichier découpe graffitis
  • Plusieurs tâcherons :
    • Bois, peinture phosphorescente, projecteur LED pour recharger la peinture
    • Découpe laser
    • Fichier découpe tâcherons

Difficultés rencontrées :

  • La peinture perd sa phosphorescence en une dizaine de minutes => Nécessité de la recharger souvent avec la lumière (lampe torche du téléphone). Afin d’accueillir un maximum de public, nous avons dû mettre de côté cette recharge. Les éléments étaient donc de moins en moins phosphorescents.
  • Nous voulions mettre en place un véritable fil d’ariane. Cependant, la peinture n’était pas adaptée pour une application sur une ficelle. Nous avons donc été contraints de la remplacer par des points phosphorescents sur des morceaux de cartons qui sont moins bien adaptés.

Améliorations possibles : Utiliser de la lumière noire et des éléments blancs pour remplacer la peinture phosphorescente. Ou rendre ces éléments directement lumineux avec des leds.

Module 1 : Les pavages d’origines et les moines. En s’approchant du pavage phosphorescent, le public déclenche une vidéo qui est projetée au sol. Elle présente l’histoire du pavage qui a été érodée avec le temps par les passages successifs des moines et visiteurs du monastère. Elle donne également quelques informations complémentaires sur les moines ayant vécu ici :

Difficultés rencontrées :

  • Impossibilité de fixer le vidéoprojecteur au plafond comme prévu initialement.
  • Vidéoprojecteur ancien : basse résolution (VGA), impossible de corriger la déformation de l’image => la vidéo n’était quasiment pas discernable sur le sol
  • La détection avec la webcam ne fonctionnant pas dans l’obscurité, nous avons dû illuminer la zone de détection avec une lampe frontale.

Améliorations possibles :

  • Meilleure vidéoprojection
  • Amélioration de la détection de la présence des visiteurs (autre que par webcam)

Module 2 : Les graffitis et les personnes emprisonnées. Après la projection de la vidéo, la pièce est de nouveau plongée dans la pénombre. En suivant le fil d’ariane phosphorescent, le public arrive devant une porte en bois qui comporte en son centre un graffiti phosphorescent. En ouvrant la porte, une capsule audio se déclenche et présente des informations sur les différentes personnes emprisonnées dans le monastère au fil des années. À l’intérieur du coffret en bois, des reproductions de graffitis luisent d’une lumière rouge.

Difficultés rencontrées :

  • Nous n’avons pas eu le temps de mettre en place un système de détection automatique permettant de déclencher l’audio et allumer les LED à l’approche du public.
  • Le projet initial était de recréer plusieurs pans de murs du clocher comportant des centaines de graffitis afin de faire ressentir au public l’ambiance qui y règne sans se rendre sur place puisque ce lieu est interdit d’accès. Le manque de temps nous a contraint à réduire drastiquement la taille de ce que nous présentions.
  • Nous voulions également reproduire la présence d’une zone “instable” présente dans le clocher afin d’augmenter l’immersion. Celle-ci aurait dû prendre la forme d’un marquage au sol à ne pas franchir mais ne comportant aucun risque pour le public. La grande diminution du format nous a amené à supprimer cette zone de notre projet.

Améliorations possibles :

  • Détection automatique
  • Augmentation de l’immersion : Plus grands pans de murs, zone instable, meilleurs éclairages…
  • Meilleure reproduction des graffitis : scanner…

Module 3 : Les tâcherons et les artisans. Cette fois-ci, ce sont des tâcherons d’artisans phosphorescents qui attirent le public vers le 3e et dernier module. En s’approchant, le public déclenche une capsule audio donnant plus de détails sur la signification de ces traces gravées dans la roche par les artisans ayant participé à la construction de l’église et du monastère. Il déclenche aussi la projection de plusieurs tâcherons sur un des piliers de la cave.

Difficultés rencontrées :

  • Nous n’avons pas eu le temps de mettre en place un système de détection automatique permettant de déclencher l’audio et allumer les LED.
  • La difficulté ci-dessus nous a contraints d’utiliser un bandeau de LED à la place de LED individuelles ce qui a posé plusieurs difficultés :
    • Impossibilité de projeter les tâcherons  sur le plafond comme prévu initialement. Nous souhaitions les projeter de cette manière afin qu’elles apparaissent comme les constellations d’un ciel de planétarium.
    • Obligation d’avoir les boîtes au sol et de les incliner pour les projeter sur un pilier => déformation des tâcherons.
    • Faible liberté d’orientation des boîtes => les tâcherons étaient très condensés

Améliorations possibles :

  • Détection automatique
  • Projection au plafond
  • pilotage individuel des LED pour projeter les tâcherons au fur et à mesure.

Expérience

Nous avons accueilli approximativement 150 personnes de toutes âges lors d’une quinzaine d’expériences. Chaque expérience a duré entre 5 et 7 minutes : introduction, descente, découverte, conclusion et remontée.

Le public a apprécié

  • Entrer dans un lieu habituellement fermé
  • L’ambiance apportée par la pénombre
  • Le clin d’œil au technicien
  • L’expérience qui a pu être qualifiée de poétique ou d’immersive
  • La découvertes d’anecdotes sur le lieu et ses habitants

Nous n’avons pas pu évaluer (temps et moyens)  si le public a pris plus de temps pour observer les traces mentionnées dans le dispositif. Plusieurs questions du public ont émergées suite à l’expérience. Un intérêt et une curiosité ont donc été éveillés chez certains.

À l’exception de 2 très jeunes enfants, l’expérience n’a pas provoqué de peur. Cet objectif « ne pas associer la nuit à la peur et tout mettre en place pour que le public se sente en sécurité » que nous avions fixé dès le début du projet a donc été rempli pour la quasi totalité des publics.

Limites et pistes d’améliorations mises en avant par l’un des participants :

  • La déformation de la vidéo ne lui a pas permis de visualiser à quoi ressemblait réellement le pavement d’origine (le principe de l’effacement a été compris mais l’image au sol était totalement abstraite)
  • Ce que représentaient les graffitis incandescents n’a pas été totalement compris

L'équipe

Agnès Castillon (facilitatrice), Kévin Fauvre (communicant), David Faveris (développeur), Michaël Favier (maker), Élise Marjolin (médiatrice), Juliette Monaco (graphiste).